Les feux mal éteints de la guerre d'Algérie

Publié le par les amis de l'algerie


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La commémoration du cinquantième anniversaire des accords d'Évian déclenche déjà une polémique.

L'orage, qui couvait déjà depuis le début de l'année, a éclaté sur le site Internet de l'historien Guy Pervillé, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Toulouse-Le Mirail. Ce spécialiste de la guerre d'Algérie y raconte la censure dont il a été victime. Son récit a été médiatisé par l'écrivain et journaliste Pierre Assouline sur son blog La République des livres. Dans l'édition 2012 des Commémorations nationales (recueil recensant les événements susceptibles d'être célébrés ou commémorés cette année), son texte sur la guerre d'Algérie et le cinquantenaire des accords d'Evian qui y mirent fin, a été tout simplement tronqué.

Guy Pervillé, auteur La Guerre d'Algérie (PUF, «Que sais-je?», 2007) avait été sollicité il y a plus d'un an par la mission aux commémorations nationales pour décrire les événements «sur le ton le plus objectif possible ». Las, son texte a été réduit à la portion congrue. Le livre présente, entre un texte sur le traité de Fez (30 mars 2012) de Bernard Lugan et un sur le référendum sur le suffrage universel (6 novembre 1962), écrit par Jacques Chirac, un cours résumé sur la fin de la guerre d'Algérie, non signé cette fois-ci.

En comparant les deux versions, on s'aperçoit que les évocations du rôle de l'OAS, des enlèvements des Français, des massacres de harkis et de leur abandon, ainsi que le rôle du général de Gaulle (dont le nom ne figure pas dans la version finale) ont été retirés.

Quel message ?

L'historien dit n'avoir pas été prévenu par le ministère de la Culture, ce que contestait, hier, la direction des Ar­chives de France, responsable de l'édition de l'ouvrage. Mais cette dernière reconnaît que le texte, considéré comme «trop sensible» sur une période «trop compliquée» a été réduit. «J'ai choisi de le couper, car cette guerre est proche, elle suscite encore la passion. Des débats, il y en aura toute l'année, animés par des historiens ou des grands témoins», justifie Hervé Lemoine, directeur des Archives de France. On ne peut pas penser que ce haut fonctionnaire, féru d'histoire ait agi seul, sans l'assentiment de son ministère de ­tutelle.

Mais cette affaire montre qu'il est encore très difficile de parler sereinement de la guerre d'Algérie, de part et d'autre de la Méditerranée. Cette ­période suscite pourtant beaucoup d'intérêt: Mathieu Gallet, président de l'INA, dit être «assailli de demandes pour des productions, des documents ­sonores et visuels, des extraits d'actualité et des partenariats pour des expo­sitions ».

La liste des ouvrages, des expositions ou des colloques prévus pour cette année s'allonge chaque jour. Comme si 2012 servait de prétexte à un grand déballage. Mais quel message doit-on porter? Faut-il tout simplement en porter un? Que dire? Comment le dire? Comment se positionner vis-à-vis de l'Algérie, pays avec qui les relations ne sont pas simples?

«On ne sait pas quoi commémorer, et à quelle date le faire. Dans le fond, est-ce à la France de célébrer l'indépendance de l'Algérie, est-ce à un État de célébrer la création d'un autre État? », remarque l'histoire Jean-Pierre Rioux. Déjà, l'année dernière, le débat avait fait rage autour du transfert des cendres du général Bigeard aux Invalides, un signe fort de reconnaissance de la Répu­blique. «Cinquante ans après, nous devrions être capables de regarder l'his­toire en face », regrette Patrick Rotman, auteur, producteur et réalisateur, notamment du film L'Ennemi intime. «La fin de la guerre a été terrible. Mais à quoi cela sert-il de masquer des faits qui sont aujourd'hui connus? » Il faut croire qu'une année ne sera pas de trop.

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HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :<br /> lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news<br /> En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après<br /> 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200<br /> harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société<br /> française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.<br /> <br /> 35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude<br /> Honnorat.<br /> <br /> <br /> Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian<br /> n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)<br /> <br /> Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
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lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news<br /> <br /> En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après<br /> 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200<br /> harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société<br /> française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.<br /> <br /> 35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude<br /> Honnorat.<br /> <br /> <br /> Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian<br /> n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)
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