Vel d’Hiv, Algérie : François Hollande est le président des réconciliations

Publié le par les amis de l'algerie

Vel d’Hiv, Algérie : François Hollande est le président des réconciliations, modifié le 23-07-2012 à 16h30, Par 

LE PLUS. De l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie aux commémorations de la rafle du Vel d'Hiv, François Hollande a pris à bras le corps son rôle de chef d'État en prônant l'apaisement, la réconciliation et l'humilité. L'occasion pour lui de rompre avec l'imagerie de Nicolas Sarkozy, véhiculée ces cinq dernières années. C'est en tout cas le point de vue de Thierry de Cabarrus.

Édité par Henri Rouillier  

François Holland a rendu hommage aux 13.000 juifs déportés après la rafle du Vel d'Hiv en 1942 (J.BRINON/SIPA).

 

Qu’on n’aille pas lui chercher des poux dans la tête ! François Hollande est un président normal en ce sens qu’il affronte le passé de la France avec lucidité, courage et ce qu’il convient de sentiment de repentance pour solder enfin une Histoire douloureuse.

 

Alors, quand le 14 mai dernier, alors qu’il rend hommage à Marie Curie et à Jules Ferry, certains osent l’accuser de vouloir célébrer dans le père de l’école laïque et obligatoire le partisan de la colonisation, c’est non seulement un mauvais procès, mais aussi un mensonge.

 

François Hollande prend la peine d’expliquer aux Tuileries qu’il glorifie le grand ministre de l’Éducation, mais qu’il condamne sa "faute morale et politique". Pourtant, c’est une évidence : le nouveau chef de l’État, à l’inverse de son prédécesseur, est un réconciliateur. Non seulement il entend rassembler les Français, ravauder un tissu social mis à mal par cinq années d’injustices, de désignation de boucs-émissaires (les immigrés, les fonctionnaires, les assistés), mais il souhaite aussi réconcilier ses concitoyens avec leur histoire.

 

Rupture avec Nicolas Sarkozy


Le dernier acte spectaculaire, c’est le fameux discours du dimanche 22 juillet devant la plaque commémorative de la rafle du Vel d’Hiv à Paris. En reconnaissant le rôle joué par la France les 16 et 17 juillet 1942 dans l’arrestation de plus de 13.000 juifs, en qualifiant ce fait de "crime commis en France, par la France", il n’a pas hésité à se mettre dans les pas de Jacques Chirac et à lui rendre hommage : "Le grand mérite du président Jacques Chirac est d'avoir reconnu ici même, le 16 juillet 1995, cette vérité. 'La France, dit-il, la France, patrie des Lumières et des droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable'."

 

Président normal, François Hollande s’était rendu la veille en Corrèze où il avait rendu visite au vieux chef d’État, sans doute pour évoquer avec lui le discours qu’il entendait prononcer le dimanche suivant. Preuve qu’il n’y a pas, dans les moments importants, de gauche ni de droite mais simplement union dans la volonté de réconciliation des Français avec leur passé.

 

En allant aussi loin dans cette reconnaissance de la responsabilité française, en la préparant avec Jacques Chirac lui-même, François Hollande s’est, une fois de plus, démarqué de Nicolas Sarkozy qui, en juillet 2007, s’était contenté de dire : "Il n'y a rien à ajouter, rien à retrancher à son très beau discours."

 

Plus encore, il a sans doute considéré une fois de plus, que l’ère sarkozyste n’était qu’une parenthèse malheureuse de la vie politique française.

 

La lettre au président Bouteflika


Un autre signe, passé sans doute plus inaperçu, démontre la volonté qu’a François Hollande de solder les dettes de la France avec son passé. Ainsi de la relation franco-algérienne. Le 5 juillet dernier, alors que l’Algérie célèbre les cinquante ans de son indépendance, le chef de l’État adresse une lettre à son homologue, le président Bouteflika.

 

Une façon claire et sans détour de répondre à l’invitation de ce dernier qui souhaitait, le 8 mai dernier, "une lecture objective de l’histoire" :

 

"Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de se dire la vérité, écrit François Hollande. Ils le doivent à leurs aînés mais aussi à leur jeunesse. [...] La France considère qu’il y a place désormais pour un regard lucide et responsable son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l’avenir."

 

En attendant sa visite en Algérie, sans doute avant la fin de l’année, le chef de l’État a eu trois occasions de refonder sur de nouvelles bases les liens entre la France et l’Algérie. 

 

Le 17 octobre 2011, c’est le candidat qui commémore les massacres des manifestants algériens en 1961, en allant déposer une gerbe sur le pont de Clichy. Ce fils d’un militant farouche de l’Algérie française déclare alors : "Je voulais être là, fidèle à la promesse que j’avais faite. Je suis venu témoigner de ma solidarité aux enfants, petits-enfants de ces familles endeuillées par ce drame."

 

Le 19 mars 2012, pour le cinquantième anniversaire de la signature des accords d’Évian, François Hollande publie une tribune dans les quotidiens "El Watan" et "Le Monde" : "La France et l’Algérie, écrit-il, ont un travail en commun à mener sur le passé pour en finir avec la guerre des mémoires."

 

Enfin, le 11 avril 2012, le candidat salue la mémoire du président Ben Bella décédé quelques jours plus tôt, et il ajoute : "Je forme le vœu que les peuples algérien et français puissent s'engager dans une nouvelle ère de coopération."

 

Tous ces gestes, à forte portée symbolique, sont autant de rejets nets de la politique de Nicolas Sarkozy à propos du passé colonial de la France. On se souvient qu’en février 2005, ce dernier n’avait pas hésité à évoquer "le rôle positif" de la colonisation, relançant la polémique en août de la même année lorsqu’il avait déclaré qu’il fallait "cesser avec la repentance permanente".

 

L’amitié franco-allemande


François Hollande ferait-il avec nos anciennes colonies et avec l’Algérie ce qu’il refuserait de faire avec l’Allemagne ? Là encore, il s’agit d’un faux procès instruit par la droite quand le président socialiste, fidèle à sa promesse de campagne, s’était opposé à la ratification d’un traité européen qui ne prendrait en compte que la seule austérité et qui ne s’accompagnerait pas d’un volet de croissance.

 

D’ailleurs, après de multiples bras de fer entre la chancelière et le président français, des compromis ont pu être trouvés sans que le couple franco-allemand n’en arrive au divorce.

 

Le 8 juillet, à Reims, Angela Merkel et François Hollande, main dans la main sur le parvis de la cathédrale, ont célébré les cinquante ans de l’amitié franco-allemande. "Nous n’héritons pas d’une amitié, a déclaré le Français, nous la renouvelons à chaque génération." Le chef de l’État, décidément, commence son mandat sous le signe de la réconciliation, et ce, quoi qu'il en coûte.

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